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INTRODUCTION À L’HISTOIRE


maison, nommé Bhava, fortuné, ayant de grandes richesses, jouissant d’une grande fortune, ayant un entourage vaste et étendu, capable de lutter avec l’opulence de Vâiçravaṇa[1]. Il choisit une femme dans une famille égale à la sienne ; puis il se divertit avec elle, avec elle il se livra au plaisir et à la volupté. Quand il se fut diverti avec elle, sa femme devint enceinte au bout d’un certain temps. Elle accoucha au terme de huit à neuf mois, et mit au monde un fils. Trois fois sept ou vingt et un jours après l’accouchement, on célébra d’une manière brillante la fête de la naissance, et on s’occupa de lui donner un nom. Quel nom aura l’enfant ? [dit le père.] Les parents répondirent : Cet enfant est le fils du maître de maison Bhava ; qu’il se nomme Bhavila. Bhavila fut donc le nom qu’il reçut.

Le maître de maison se divertit de nouveau avec sa femme ; avec elle il se livra au plaisir et à la volupté, et en eut un second fils, auquel on donna le nom de Bhavatrâta. Il en eut encore un troisième fils, qui reçut le nom de Bhavanandin.

Cependant, au bout de quelques années, le maître de maison Bhava tomba malade. Comme il se laissait emporter à des paroles d’une extrême violence, il commença à être délaissé par sa femme et par ses enfants mêmes. Il avait une jeune esclave ; cette fille fit la réflexion suivante : Mon maître a, par cent espèces de moyens, amassé d’abondantes richesses ; le voilà aujourd’hui malade, et il est délaissé par sa femme et par ses enfants ; il ne serait pas convenable que moi aussi j’allasse abandonner mon maître. Elle se rendit donc auprès d’un médecin et lui dit : Seigneur, connais-tu Bhava le maître de maison ? — Je le connais ; que faut-il faire pour lui ? — Il lui est survenu une maladie de telle espèce, et il est délaissé par sa femme et par ses enfants mêmes ; indique-moi un remède pour son mal. Le médecin reprit : Jeune fille, tu me dis qu’il est délaissé par sa femme et par ses enfants ; qui donc prendra soin de lui ? La jeune fille répondit : C’est moi qui le soignerai. Mais c’est assez ;

    maritime vers Ceylan. (Mahâvamso, chap. I, p. 46. Turnour, ibid.. Index, p. 25.) Vidjaya venait du pays de Banga (le Bengale), d’où il avait été chassé : c’est donc dans le golfe du Bengale qu’il faut chercher la ville de Sûrpâraka, en pâli Suppâraka. Je n’hésite pas à identifier ce nom avec le Σιππάρα de Ptolémée, que M. Gosselin a, par des calculs fort ingénieux, cru pouvoir reconnaître dans le Sipeler moderne, sur une des embouchures du Krĭchṇa. (Rech. sur la géographie des anciens, t. III, p. 253.) Peut-être est-ce placer un peu bas la ville nommée Sippâra par Ptolémée ; mais les dénominations s’accordent très-bien, et si l’on n’a pas d’objections contre l’identification de Sippâra et Sipeler, on ne doit pas en avoir davantage contre le rapprochement que je propose entre le grec Sippâra et le pâli Suppura ; la finale ka n’a pas assez d’importance pour être comptée ici. Il n’est pas inutile de remarquer que les itinéraires auxquels Ptolémée empruntait ses matériaux avaient transcrit ce nom sous sa forme populaire.

  1. C’est un des noms brâhmaniques de Kuvêra, le Dieu des richesses.