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INTRODUCTION À L’HISTOIRE


ouvrages placés de nos jours parmi les livres canoniques portent la trace plus ou moins reconnaissable des changements dont je supposais tout à l’heure la possibilité. Dès le commencement de cette étude, et quand M. Hodgson n’avait à sa disposition que des renseignements oraux et traditionnels qu’il n’avait pas encore eu occasion de comparer avec les textes originaux, le jugement si sûr qui le dirigeait dans ses recherches lui avait indiqué les précautions que la critique devait prendre pour arriver à l’appréciation complète et juste d’une croyance aussi ancienne et aussi vaste. D’aussi sages avertissements ne peuvent être perdus pour la critique, et ils doivent la mettre en garde contre les conséquences qu’on serait tenté de tirer de l’existence d’un titre antique, trouvé sur un livre qui peut être moderne. Je le répète, le titre n’apprend absolument rien au lecteur relativement à l’authenticité de l’ouvrage qui le porte ; car de deux choses l’une : ou l’ouvrage était destiné à mettre en lumière quelques-unes de ces idées qui ne font subir à un système que des modifications peu importantes ; ou les croyances auxquelles il servait d’expression étaient de nature à changer gravement le caractère du système. Or dans l’un comme dans l’autre cas, l’auteur devait donner à son ouvrage la forme des livres dont l’autorité était universellement et depuis longtemps reconnue.

Ces réflexions, qu’il me suffit d’indiquer sommairement, s’appliquent d’une manière rigoureuse à quelques-uns des livres de la collection népâlaise. Je suis fondé à croire que la lecture et, je devrais dire, la traduction exacte de cette collection tout entière, donnerait le moyen de les étendre à un nombre d’ouvrages plus considérable que ceux que je vais indiquer. Mais il faudrait bien des années et aussi un grand fonds de patience, pour exécuter convenablement un examen de ce genre. J’ai donc préféré à une revue rapide et nécessairement superficielle de plusieurs volumes l’analyse exacte et suffisamment détaillée d’un nombre limité de traités qui au premier coup d’œil m’avaient paru suspects.

Parmi les traités que je viens de désigner, il en est deux auxquels le titre de Sûtra n’a vraisemblablement été appliqué qu’après coup, ou, ce qui revient au même, qui, malgré leur titre de Mahâyâṇa sûtra, ou Sûtra servant de grand véhicule, ne peuvent prétendre à être classés au nombre des Sûtras primitifs, ni même des Sûtras développés. Ils portent tous deux le titre de Guṇa karaṇḍa vyûha ou Kâraṇḍa vyûha, c’est-à-dire, « Construction de la corbeille des « qualités » du saint Avalôkitêçvara ; mais l’un est écrit en prose, et l’autre en vers. La rédaction composée en prose forme un manuscrit de soixante-sept feuillets, où cent trente-quatre pages ; le poëme a cent quatre-vingt-quinze feuillets, ou trois cent quatre-vingt-dix pages, d’une moindre étendue que celle