n’est question que de personnages contemporains de Çâkya, et en Sûtras où il est parlé de personnages qui ont paru plus ou moins longtemps après lui, soit que la date puisse en être fixée avec précision, soit qu’on n’arrive à connaître que ce point unique, savoir qu’ils sont postérieurs à Çâkya. C’est là un élément historique dont on appréciera l’importance, lorsque j’aurai rassemblé tout ce que mes lectures m’ont fourni sur l’histoire de la collection du Népâl. Remarquons toutefois dès à présent que des indications de ce genre sont étrangères aux Sûtras développés, ce qui ne prouve nullement que ces Sûtras aient été rédigés avant l’époque des personnages rappelés par les mentions dont je viens de parler, mais ce qui tient exclusivement au caractère des grands Sûtras, où il n’est plus question d’aucun événement humain, et qui sont remplis par l’histoire fabuleuse de ces gigantesques et merveilleux Bôdhisattvas, dans la contemplation et la description desquels se sont perdus et la simplicité primitive et le bon sens pratique du Buddhisme ancien.
Mais ce n’est pas tout encore, et il reste à examiner si de ce qu’un ouvrage porte ce titre de Sûtra, il en résulte qu’il doive être classé de plein droit dans une des catégories dont les recherches qui précèdent ont démontré l’existence, 1o celle des Sûtras où les événements sont contemporains de Çâkyamuni ; 2o celle des Sûtras où il est parlé de personnages qui lui sont postérieurs ; 3o enfin celle des Sûtras de grand développement où il n’est presque plus question d’événements humains. Il est évident à priori que le titre seul d’un ouvrage n’est pas, aux yeux de la critique, une garantie suffisante de son authenticité ; car l’on comprend sans peine qu’un faussaire ait pu imiter la forme des livres canoniques, pour en revêtir le fruit de ses conceptions personnelles. Je n’entends cependant pas parler ici de ces falsifications que la critique est, selon moi, trop disposée à supposer, quoiqu’elle n’en ait souvent d’autre preuve que la possibilité de leur existence. J’ai seulement en vue, en ce moment, des livres où les modifications que le cours des temps apporte à toutes les choses humaines ont pu successivement se glisser. Ce serait nier toutes les vraisemblances que de soutenir que le Buddhisme est resté à l’abri des modifications de ce genre. Bien au contraire, j’ose affirmer que l’étude approfondie et comparée de cette croyance, telle qu’elle existe chez les divers peuples de l’Asie qui l’ont adoptée, prouvera qu’elle a passé, comme toutes les religions, par des révolutions qui en ont modifié et quelquefois altéré le caractère primitif. Or si le Buddhisme (et j’entends ici désigner spécialement celui du Nord) s’est développé, étendu, régularisé ; s’il a même admis dans son sein des idées et des croyances qu’on est en droit de regarder comme étrangères à son institution primitive, il est permis de croire que quelques-uns des