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INTRODUCTION À L’HISTOIRE

de celui qui s’y livre, je trouverais dans le sujet que je touche en ce moment la matière d’une longue et laborieuse argumentation. Mais le lecteur préférera sans doute que je lui montre par quelques traits sous quel point de vue les Sûtras, et j’ajoute les légendes, nous font envisager la société au milieu de laquelle est né et s’est propagé le Buddhisme.

Il ne peut entrer dans le plan de mon travail de relever une à une toutes les indications qui attestent qu’au moment où Çâkyamuni parcourait l’Inde pour y enseigner sa loi, la société brâhmanique était parvenue à son plus haut degré de développement. Autant vaudrait traduire en entier le Divya avadâna et les cent légendes de l’Avadâna çataka, tant sont nombreuses les preuves du fait que j’avance, tant elles sont répétées de fois dans les Sûtras et dans les légendes de ces volumineux recueils. Mais il est toujours possible, et il est ici nécessaire de signaler quelques-uns des traits caractéristiques de la société au milieu de laquelle Câkya se montre remplissant sa mission. Je m’attacherai donc en particulier à deux points qui, on le sait, se touchent de bien près dans l’Inde, la religion et l’organisation politique ; et je montrerai par quelques extraits ce que les rédacteurs des Sûtras et des légendes buddhiques du Nord nous apprennent sur ces deux grands éléments de la société, telle qu’elle existait dans l’Inde au temps de Çâkya.

Les Divinités dont les noms paraissent dans les Sûtras de la collection népâlaise sont : Nârâyaṇa[1], Çiva, Varuna, Kuvêra, Brahmâ[2] ou Pitâmahâ[3], Çakra ou Vâsava[4], Hari[5] ou Djanârdana[6], Çam̃kara[7] qui n’est qu’un autre nom de Çiva, et Viçvakarman[8]. Après ces Dieux, bien connus dans le Panthéon brâhmanique, vient la foule des Divinités inférieures, telles que les Dêvas, les Nâgas, les Asuras, les Yakchas, les Garuḍas, les Kinnaras, les Mahôragas, les Gandharvas, les Piçatchas, les Dânavas et autres génies bons ou malfaisants dont les noms se rencontrent à tout instant dans les légendes et dans les prédications de Çâkyamuni[9]. À la tête de ces Divinités secondaires figure Indra, nommé d’ordinaire Çakra ou Çatchîpati, l’époux de Çatchî[10].

  1. Avadâna çataka, f. 53 a.
  2. Kôṭikarṇa, dans Divya Avad., f. 1. Pûrṇa, ibid., f. 20 b. Mâitrakanyaka, f. 327 b. Pâm̃çu pradâna, f. 178 a. Avad. çat., f. 6 b, 31 b, 49 b, 55 b, 80 b, 112 b, 169 b, 242 b.
  3. Mâitrakanyaka, dans Divya avadâna, fol. 327 b.
  4. Avadâna çataka, f. 31 b.
  5. Pûrṇa, dans Divya avad., f. 20 b.
  6. Mâitrakanyaka, ibid., f. 327 b.
  7. Pûrṇa, ibid., f. 20 b. Mâitrakanyaka, ibid., f. 327 b.
  8. Mâitrêya, ibid., f. 28 b.
  9. Pûrṇa, ibid., f. 20 b. Açôka, ibid., f. 66 a. Prâtihârya, ibid., f. 69 b et pass.
  10. Pûrṇa, ibid., f. 20 b.