rideaux de nuages. Des vents froids se mirent à souffler et chassèrent du Djambudvîpa la corruption qui l’infectait ; et les nuages laissant tomber la pluie, abattirent la poussière. Ce jour-là même, à la seconde moitié de la journée, il tomba une pluie d’aliments et de mets de diverses espèces. Ces aliments étaient du riz cuit, de la farine de grains rôtis, du gruau de riz, du poisson, de la viande ; ces mets étaient des préparations de racines, de tiges, de feuilles, de fleurs, de fruits, d’huile, de sucre, de sucre candi, de mélasse, enfin de farine. Alors le roi Kanakavarṇa content, joyeux, ravi, transporté, plein de joie, de satisfaction et de plaisir, s’adressa ainsi aux receveurs, aux grands conseillers, aux ministres, aux gardiens des portes, aux membres des divers conseils : Voyez, seigneurs, voici en ce moment le bourgeon, premier résultat de l’aumône qui vient d’être faite d’une seule portion de nourriture ; il va en sortir bientôt un autre fruit. À la seconde journée il tomba une pluie de grains, savoir : de sésame, de riz, de haricots, de Mâchas[1], d’orge, de froment, de lentilles, de riz blanc. Cette pluie dura sept jours, ainsi qu’une pluie de beurre clarifié, d’huile de sésame, et une pluie de coton, de précieuses étoffes de diverses espèces, une pluie des sept substances de prix, savoir : d’or, d’argent, de lapis-lazuli, de cristal, de perles rouges, de diamants, d’émeraudes. Enfin, grâce à la puissance du roi Kanakavarṇa, la misère des habitants du Djambudvîpa cessa entièrement.
Maintenant, ô Religieux, s’il s’élevait dans vos esprits quelque doute, quelque incertitude qui vous fît dire : C’était dans ce temps-là et à cette époque un autre [que Bhagavat] qui était le roi Kanakavarṇa, il ne faudrait pas envisager ce sujet de cette manière. Pourquoi cela ? C’est que c’est moi qui en ce temps-là et à cette époque étais le roi Kanakavarṇa. Voilà, ô Religieux, de quelle manière il faut envisager ce sujet. Si les êtres, ô Religieux, connaissaient le fruit des aumônes, le fruit et les résultats de la distribution des aumônes, comme j’en connais moi-même le fruit et les résultats, certainement, fussent-ils réduits actuellement à leur plus petite, à leur dernière portion de nourriture, ils ne la mangeraient pas sans en avoir donné, sans en avoir distribué quelque chose. Et s’ils rencontraient un homme digne de recevoir leur aumône, la pensée d’égoïsme qui aurait pu naître dans leur esprit pour l’offusquer n’y demeurerait certainement pas. Mais parce que les êtres, ô Religieux, ne connaissent pas le fruit des aumônes, le fruit et les résultats de la distribution des aumônes, comme j’en connais moi-même le fruit et les résultats, ils mangent avec un sentiment tout personnel, sans avoir rien donné, rien distribué ; et la pensée d’égoïsme qui est née dans leur esprit y demeure certainement pour l’offusquer.
- ↑ Phaseolus radiatus.