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DU BUDDHISME INDIEN.


de corail, d’argent, de métaux de prix, d’éléphants, de chevaux, de vaches et de troupeaux nombreux ; il était maître enfin d’un trésor et d’un grenier parfaitement rempli. Le roi Kanakavarṇa, ô Religieux, avait une ville capitale nommée Kanakavatî, qui avait douze Yôdjanas de longueur de l’orient à l’occident, et sept Yôdjanas de largeur du sud au nord. Elle était riche, prospère, fortunée, abondante en tous biens, agréable et remplie d’un grand nombre d’hommes et de gens. Le roi Kanakavarṇa possédait quatre-vingt mille villes et dix-huit mille Kôṭis[1] de bourgs, cinquante-sept Kôṭis de villages et soixante mille chefs-lieux de district, tous riches, prospères, fortunés, abondants en tous biens, agréables et remplis d’un grand nombre d’hommes et de gens. Le roi Kanakavarṇa avait quatre-vingt mille conseillers ; ses appartements intérieurs renfermaient vingt mille femmes. Le roi Kanakavarṇa, ô Religieux, était juste, et il exerçait la royauté avec justice.

« Un jour que le roi Kanakavarṇa se trouvait seul, retiré dans un endroit secret et couché dans l’attitude de la méditation, la pensée et la réflexion suivante lui vint à l’esprit ; Si j’exemptais tous les marchands de droits et de taxes ? si j’affranchissais tous les hommes du Djambudvîpa de toute taxe et de tout impôt ? Ayant donc appelé les receveurs, les grands conseillers, les ministres, les gardiens préposés aux portes et les membres des divers conseils, il leur parla ainsi : À partir de ce jour, seigneurs, j’exempte les marchands de tout droit et de toute taxe ; j’affranchis de toute taxe et de tout impôt les hommes du Djambudvîpa.

« Il gouverna ainsi pendant de nombreuses années, quand un jour parut une constellation funeste qui annonçait que le dieu Indra devait refuser pendant douze années de donner de la pluie. Alors les Brâhmanes connaissant les signes, sachant interpréter les présages, experts dans les formules qui agissent sur la terre et dans l’air, ayant reconnu l’annonce de cet événement dans les mouvements des constellations, de Çukra (Vénus) et des planètes, se rendirent au lieu où se trouvait le roi Kanakavarṇa, et quand ils y furent arrivés, ils lui adressèrent la parole en ces termes : Sache, ô roi, qu’il vient de paraître une constellation funeste qui annonce que le dieu Indra refusera pendant douze ans de donner de la pluie. Ayant entendu ces paroles, le roi se mit à répandre des larmes en s’écriant : Ah ! les hommes de mon Djambudvîpa ! Ah ! mon Djambudvîpa, si riche, si prospère, si fortuné, si abondant en tous biens, si agréable, si rempli d’hommes et de peuple, il va dans peu devenir désert et privé d’habitants ! Après s’être ainsi lamenté, le roi fit la réflexion suivante : Ceux qui sont riches et

  1. Un Kôṭi vaut dix millions.