Page:Burnouf - Introduction à l’histoire du bouddhisme indien.djvu/121

Cette page a été validée par deux contributeurs.
79
DU BUDDHISME INDIEN.

Aussitôt après avoir rappelé ce vœu, Çâkya raconte à son disciple Ânanda l’histoire d’un roi nommé Mândhâtrĭ, qu’il donne pour une de ses anciennes existences. Ce récit, qui est un peu long pour être reproduit en ce moment, trouvera mieux sa place ailleurs. Il est rempli de circonstances tout à fait fabuleuses, et a, sous ce rapport, une trop grande ressemblance avec le Sûtra dont je vais donner la traduction. Il me suffit de dire que ce nom de Mândhâtrĭ, bien connu dans l’histoire héroïque des Brâhmanes, est devenu le titre du Sûtra dont on vient de lire un fragment, sans doute parce que les compilateurs des livres buddhiques ont attaché plus d’importance à la légende fabuleuse qu’au récit traditionnel des derniers entretiens de Çâkya. Peut-être aussi la préférence qu’ils ont accordée ici à la légende sur l’histoire vient-elle de ce que les dernières années de la vie du Buddha sont racontées en détail dans d’autres livres. Quoi qu’il en soit, le fragment qu’on vient de lire a pour nous ce genre d’intérêt qui s’attache à une tradition dont les données sont contemporaines de l’époque de Çâkya. Malgré la place qu’y occupe la croyance au pouvoir surnaturel du Maître, plusieurs des circonstances de sa vie humaine s’y laissent encore apercevoir. C’est la raison qui me l’a fait placer avant le Sûtra purement fabuleux de Kanakavarṇa. Il est bon de remarquer que ce dernier morceau, qui est un véritable Sûtra pour la forme, porte, d’après le texte sanscrit et la traduction tibétaine, le titre d’Avadâna ou de légende : c’est un argument de plus en faveur de l’analogie que j’ai déjà remarquée entre la classe des Avadânas et celle des Sûtras.


SÛTRA DE KANAKAVARṆA[1].

« Voici ce que j’ai entendu. Un jour Bhagavat se trouvait à Çrâvasti, à Djêtavana, dans le jardin d’Anâtha piṇḍika, avec une grande assemblée de Religieux, avec douze cent cinquante Religieux. Il était respecté, honoré, vénéré et adoré par les Religieux et par les Dévots des deux sexes, par les rois et par les conseillers des rois, par les hommes des diverses sectes, par les Çramaṇas, par les Brâhmanes, par les ascètes, par les mendiants, par les Dêvas, les Nâgas, les Asuras, les Garuḍas, les Gandharvas, les Kinnaras et les Mahôragas. Après avoir recueilli de nombreuses et excellentes provisions divines et humaines, tant en vêtements qu’en nourriture, en lits, en siéges, et en médicaments pour les ma-

  1. Divya avadâna, f. 144 b, man. Soc. Asiat., f. 182 a de mon man. Bkah-hgyur, section Mdo, vol. a ou XXX, f. 76 b. Csoma, Anal. of the Sherchin, etc., dans Asiat. Res., t. XX, p. 483.