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INTRODUCTION À L’HISTOIRE


les eaux agitées font mouvoir la terre. Telle est, ô Ânanda, la première cause, la première raison d’un grand tremblement de terre.

Encore autre chose, ô Ânanda. Qu’un Religieux doué d’une grande puissance surnaturelle, d’un grand pouvoir, concentre sa pensée sur un point limité de la terre et embrasse l’étendue illimitée de l’eau ; il fait, s’il le désire, mouvoir la terre. Qu’une Divinité douée d’une grande puissance surnaturelle, d’un grand pouvoir, concentre sa pensée sur un point limité de la terre et embrasse l’étendue illimitée de l’eau ; elle fait, si elle le désire, mouvoir la terre. Telle est, ô Ânanda, la seconde cause, la seconde raison d’un grand tremblement de terre.

Encore autre chose, ô Ânanda. Dans le temps qu’un Bôdhisattva[1], étant sorti de la demeure des Dêvas Tuchitas, descend dans le sein de sa mère, alors, en ce moment même, il y a un grand tremblement de terre. Et ce monde tout entier est illuminé d’une noble splendeur. Et les êtres qui habitent au delà des limites de ce monde[2], ces êtres aveuglés et plongés dans la profonde obscurité des ténèbres, où les deux astres du soleil et de la lune, si puissants, si énergiques, ne pourraient effacer par leur lumière cet éclat [miraculeux], ces êtres eux-mêmes sont, en ce moment, illuminés d’une noble splendeur. Alors les créatures, qui ont pris naissance dans ces régions, se voyant à cette lumière, ont connaissance les unes des autres, et se disent : Ah ! voici d’autres êtres nés ici ! Voici d’autres êtres nés parmi nous ! Telle est, ô Ânanda, la troisième cause, la troisième raison d’un grand tremblement de terre.

Encore autre chose, ô Ânanda. Dans le temps qu’un Bôdhisattva sort du sein de sa mère, alors, en ce moment même, il y a un grand tremblement de terre. Et ce monde tout entier est illuminé d’une noble splendeur. Et les êtres qui habitent au delà des limites de ce monde [etc. comme ci-dessus, jusqu’à :] se disent : Ah ! voici d’autres êtres nés parmi nous ! Telle est, ô Ânanda, la quatrième cause, la quatrième raison d’un grand tremblement de terre.

Encore autre chose, ô Ânanda. Dans le temps qu’un Bôdhisattva atteint la science suprême, alors, en ce moment même, il y a un grand tremblement de terre. Et ce monde tout entier est illuminé d’une noble splendeur. Et les êtres qui habitent au delà des limites de ce monde [etc. comme ci-dessus, jusqu’à :]

  1. On appelle ainsi l’être qui n’a plus qu’une existence humaine à parcourir avant de devenir Buddha. Il sera question plus d’une fois de ce titre dans le cours de ce Mémoire.
  2. Le mot Lôkântarika désigne les êtres qui habitent la région intermédiaire entre le monde où nous vivons et les mondes voisins, dont la réunion forme ce qu’on appelle le grand millier des trois mille mondes. (Schmidt, Mém. de l’Acad. des sciences de S.-Pétersbourg, t. II, p. 54.) Cette région est celle où sont situés les Enfers, que les Singhalais nomment Lôkântara (Clough, Sing. Diction., t. II, p. 611, col. 2, Cf. Journ. Asiat., t. VIII, p. 80.)