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DU BUDDHISME INDIEN.


mants, les arbres d’ornement furent brisés ; les mille palais des Dieux furent ébranlés ; les pics du Mêru tombèrent en ruine ; les instruments de musique des Devatâs furent frappés [et rendirent des sons].

Ensuite Bhagavat étant sorti de cette méditation, prononça en ce moment la stance suivante : Le solitaire a renoncé à l’existence, qui est semblable et différente, aux éléments dont se compose la vie. S’attachant à l’esprit, recueilli, il a, comme l’oiseau né de l’œuf, brisé sa coquille.

À peine eut-il renoncé à l’existence, que plusieurs centaines de mille de Dêvas Kâmâvatcharas, ayant accompli leurs cérémonies, s’avancèrent en présence de Bhagavat, pour le voir et l’adorer. Bhagavat leur fit un tel enseignement de la loi, que les vérités furent vues par plusieurs centaines de mille de Dêvatâs, et que quand ils les eurent vues, ils retournèrent dans leurs palais.

À peine eut-il renoncé à l’existence, que des cavernes des montagnes et des retraites des monts arrivèrent plusieurs centaines de mille de Rĭchis. Ces sages furent introduits dans la vie religieuse par Bhagavat, qui leur disait : Suivez, ô Religieux, cette conduite. En s’y appliquant, en y consacrant leurs efforts, ils virent face à face l’état d’Arhat[1] par l’anéantissement de toutes les corruptions.

À peine eut-il renoncé à l’existence, que des Nâgas, des Yakchas, des Gandharvas, des Kinnaras, des Mahôragas se réunirent en foule en présence de Bhagavat, afin de le voir. Bhagavat leur fit une telle exposition de la loi, que cette foule de Nâgas, de Yakchas, de Gandharvas, de Kinnaras et de Mahôragas reçut les formules de refuge[2] et les axiomes de l’enseignement, jusqu’à ce qu’enfin ils retournèrent à leurs demeures.

Ensuite le respectable Ânanda étant sorti sur le soir de son profond recueillement, se rendit au lieu où se trouvait Bhagavat, et y étant arrivé, après avoir salué, en les touchant de la tête, les pieds de Bhagavat, il se tint debout à côté de lui. Là, debout, le respectable Ânanda parla ainsi à Bhagavat : Quelle est la cause, ô vénérable, quelle est la raison de ce grand tremblement de terre ? — Il y a huit causes, ô Ânanda, il y a huit raisons d’un grand tremblement de terre. Et quelles sont ces huit causes[3] ? La grande terre, ô Ânanda, repose sur les eaux ; les eaux reposent sur le vent ; le vent sur l’éther. Quand, ô Ânanda, il arrive qu’au-dessus de l’éther soufflent des vents opposés, ils agitent les eaux ;

  1. Le titre d’Arhat est un des degrés les plus élevés de la hiérarchie morale et scientifique du Buddhisme ; j’y reviendrai dans la section de la Discipline.
  2. Ces formules, appelées Çaraṇa gamana, sont au nombre de trois : Buddham çaraṇam gatchhâmi, Dharmam çaraṇam gatchhâmi, Sam̃gham çaraṇam gatchhâmi, c’est-à-dire : « Je cherche un refuge auprès du Buddha, auprès de la Loi, auprès de l’Assemblée. »
  3. Rapprochez ce texte d’une note de Klaproth relative au même sujet, Foe koue ki, p. 217 sqq.