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DU BUDDHISME INDIEN.

6o Saddharma puṇḍarîka, 7o Tathâgatha guhyaka, 8o Lalita vistara, 9o Subarana prabhâ (sans doute Suvarṇa prabhâsa).

L’examen du contenu de ces ouvrages, que nous possédons tous à Paris, n’explique pas complètement les raisons du choix qu’en font les Népâlais. On comprend aisément leur préférence en ce qui touche les numéros 1, 5, 6 et 8 ; car la Pradjñâ pâramitâ, ou la Perfection de la sagesse, est une espèce de somme philosophique où se trouve contenue la partie spéculative la plus élevée du Buddhisme. Le Langkâvatâra, et plus exactement le Saddharma Langkâvatâra, ou l’Instruction de la bonne loi donnée à l’île de Langkâ ou Ceylan, est un traité du même genre, avec une tendance plus marquée vers la polémique. Le Saddharma puṇḍarîka, ou le Lotus blanc de la bonne loi, outre les paraboles qu’il renferme, traite un point de doctrine fort important, celui de l’unité fondamentale des trois moyens qu’emploie un Buddha pour sauver l’homme des conditions de l’existence actuelle. Enfin le Lalita vistara, ou le Développement des jeux, est l’histoire divine et humaine du dernier Buddha, Çâkyamuni. Mais les numéros 2, 3 et 4, où les sujets philosophiques n’occupent peut-être pas autant de place, ont à mes yeux bien moins de mérite ; les répétitions, les énumérations interminables et les divisions scolastiques y dominent à peu près exclusivement. Quant aux numéros 7 et 9, le Tathâgatha guhyaka et le Suvarṇa prabhâsa, ce sont des Tantras d’une assez médiocre valeur. Mais ce serait sans doute perdre sa peine que de rechercher les motifs d’une préférence qui n’a peut-être d’autre raison que des idées superstitieuses, étrangères au contenu des livres mêmes. Il est temps de passer à l’examen de quelques-uns des volumes de la collection du Népâl auxquels nous avons accès, pour y découvrir, si cela est possible, les principaux traits de l’histoire du Buddhisme indien.

Je dis si cela est possible, non avec le désir puéril d’exagérer les difficultés de cette recherche, mais avec le juste sentiment de défiance que j’éprouve en l’entreprenant. Il ne s’agit pas ici de concentrer sur un texte obscur, mais isolé, les forces que donne à l’esprit l’emploi rigoureux et patient de l’analyse, encore moins de tirer de monuments déjà connus des conséquences nouvelles et dignes de prendre rang dans l’histoire. La tâche que je m’impose, quoique différente, est également rude. Il faut parcourir près de cent volumes, tous manuscrits, composés en quatre langues encore peu connues, pour l’étude desquelles on n’a que des lexiques, je pourrais dire des vocabulaires imparfaits, et dont l’une a donné naissance à des dialectes populaires dont les noms mêmes sont presque ignorés. À ces difficultés de la forme, joignez celles du fonds : un sujet tout à fait neuf, des écoles innombrables, un immense appareil métaphysique, une mythologie sans bornes ; partout le désordre et un vague désespérant sur les