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chement du m final, amhi, qui est lui-même pour amsi.

On a vu plus haut que les formes poutchtchhi et apoutchtchhi ne différaient l’une de l’autre que par la suppression de l’augment, d’où on serait tenté de conclure (si ces deux formes sont identiques) que l’emploi de ce signe est arbitraire en pali. Un exemple du même verbe dans le même sloka, avec et sans augment, confirme cette conjecture.

So tchatouttimsa vassâni râdjâ râdjam akârayi

Tassa poutto bindousâro atthavîsati kârayi (sect. V, 15), « ce roi régna trente-quatre ans, et son fils Bindousâra en régna vingt-huit. »

Je ne pense pas qu’on puisse dire que l’augment est ici supprimé à cause de la voyelle finale du mot précédent. Le verbe akârayi le porte en effet dans ce vers (sect. XIX, 81) :

Devânam piyatisso so mahârâdjâ akârayi.

« Le grand roi Devânam piyatissa fit ainsi[1]. »

  1. Telle est la véritable orthographe du nom du roi appelé dans l’extrait du Radjavali (Annals of oriental literature), Deveny-paetissa. C’est au règne de ce prince, qui vivait au commencement du ive siècle avant notre ère, que se rattachent quelques-uns des événemens les plus remarquables de l’histoire singalaise, comme l’introduction du Bouddhisme, l’invention de l’écriture, la rédaction des livres religieux. Les auteurs de l’Essai, appuyés de la chronique singalaise, ont essayé (p. 46 sqq.) de faire ressortir l’importance de ces faits ; mais ils n’ont pu donner l’orthographe ni le sens du nom de ce roi. Il me semble signifier le prêtre chéri des dieux (devânam piyatissa). Ce qu’il y a de singulier c’est que ce nom propre est composé de deux mots, dont l’un devânam est au génitif régi par piyatissa (pryatissa), mot composé lui-même. Ces idées exprimées ainsi le seraient également, et