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actuelle du samscrit, où on rencontre à peine quelques traces du pronom, ou de la déclinaison du pali, telle qu’on peut la recomposer en samscrit, doit être considérée comme antérieure à l’autre ? D’une part, en effet, celle-ci peut paraître à quelques personnes un commencement de déclinaison analytique, et conséquemment être regardée comme plus moderne. Mais s’il m’est permis de hasarder une opinion, je dirai que la simplicité, et en même tems la justesse qu’on remarque dans cette formation de la déclinaison, en font quelque chose de primitif, et qui rentre bien, dans l’ensemble de la grammaire samscrite si ingénieusement composée. De plus, en étudiant la déclinaison actuelle, on peut se convaincre que, quelques-unes des désinences sont des altérations du pronom conservé presqu’entier dans le pali. Ainsi l’ablatif en ât me semble un débris de la terminaison asmât, et même le locatif en e, quoique fort éloigné de asmim, conserve une lettre de cette désinence, l’i que M. Bopp a fort bien montré être la caractéristique du locatif, et qui ne devient e que par sa fusion avec l’a de deva.

De là il ne résulte cependant pas que le pali soit plus ancien que le samscrit. Il a conservé, il est vrai, une forme primitive ; mais cette forme est elle-même altérée suivant des lois constatées d’ailleurs. Ce fait me semble s’expliquer facilement. Le samscrit, en se perfectionnant, a pu altérer la déclinaison primitive, tandis que, tombant dans les dialectes populaires du milieu desquels s’est élevé le pali, cette déclinaison a pu subsister longtems, et y subir des altérations