Page:Burnouf, Lassen - Essai sur le pali.djvu/23

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
9
CHAPITRE I.

tomberait dans de graves erreurs. La disposition des caractères palis est, en effet, loin de correspondre à celle de l’alphabet que Kæmpfer donne en tête de son tableau.

Nous nous contentons de consigner ici l’opinion de Lacroze, qui, d’après l’analogie qu’il avait remarquée entre l’alphabet de Ceylan, de la côte de Malabar, de Siam, et de la langue pâlie, croyait pouvoir affirmer que tous ces alphabets dérivaient du samskrit, qu’il appelait hanskret[1]. Il se plaint de manquer de faits pour prouver cette assertion ; et l’on peut regretter qu’il n’ait pas eu à sa portée les secours dont purent disposer les missionnaires de la Propagande. Malgré ces secours, Carpanus, l’auteur de l’Alphabetum Barmanum vel Bomanum, fit peu pour la connaissance du pali. Il constata seulement que c’était la langue savante de toute la presqu’île au-delà du Gange, sans faire la moindre allusion à ses rapports avec le samskrit, déjà plus connu de son tems[2], et il donna, sans l’expliquer, un fac simile du commencement du livre pali appelé Kammouva, précédé d’un alphabet pali ou magata. Comme ici nous ne ne faisons que le résumé historique des efforts tentés pour avancer la connaissance du pali, nous ne nous arrêterons pas à montrer les vices de cet alphabet, dont les lettres étaient données sans que rien indiquât leur valeur respective. Il suffira de dire que l’auteur, dans la seconde

  1. Thesaur. Epist. Lacroz. t. iii, Ep. 42, p. 85.
  2. Alphab. barman, ed. prior, p. 12. poster., p. 10.