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ESSAI SUR LE PALI,

intérêt pour tout ce qui nous viendra de ces livres. On comprend en même tems de quelle importance est la détermination exacte des rapports du pali avec le samskrit. Car si la langue, c’est-à-dire, ce qu’il y a de plus variable, n’a que peu changé, ne doit-on pas croire que le dogme et le culte, deux choses qui résistent plus fortement, surtout en Asie, aux causes diverses qui peuvent modifier le langage, n’ont pas dû s’altérer davantage ? Il y a plus, la ressemblance, et il faut presque le dire, l’identité de la langue, n’est elle-même qu’une conséquence de l’identité des idées ; conclure de l’une à l’autre est, à notre avis, de toutes les inductions la plus légitime. On peut donc espérer que les livres palis nous présenteront la doctrine de Bouddha avec ses traits et sa couleur vraiment indiennes, et telle qu’elle a dû fleurir aux lieux de son origine.

Cet espoir est principalement ce qui nous a encouragés à entreprendre l’étude d’une langue, que l’absence de tout livre élémentaire entourait de plus d’une difficulté. Ce que nous trouvions dans les auteurs qui en ont parlé jusqu’ici, était assez pour nous inspirer un vif désir de l’étudier, trop peu pour nous être d’un grand secours. Au premier coup-d’œil, les renseignemens qu’ils nous fournissaient, ne paraissaient pas devoir conduire à un résultat aussi intéressant que l’intelligence d’un grand nombre de mots et de formes grammaticales ; c’est cependant du fait que le pali, ou la langue religieuse de la presqu’île au-delà du Gange, avait, avec le samskrit, une analogie frappante, que nous sommes partis pour arriver aux conséquences exposées dans cet Essai. Or,