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CHAPITRE I.

dhisme. On peut croire en effet, que, plus rapproché de l’Inde, lieu de son origine, ce culte a dû, dans la presqu’île, se garantir plus facilement de toute innovation, et se conserver pur de tout mélange. Quand on voit le zèle religieux pousser des Chinois jusque dans l’Inde[1], peut-on penser que les montagnes de Tipperah aient été une barrière insurmontable à la pieuse ardeur des bouddhistes d’Ava et d’Arakan ? Si près du siège antique de leur croyance, ils ont dû entretenir avec le pays où elle était née, des relations qui devaient profiter au maintien de la religion et du culte. Il faut l’avouer, cependant : nous préjugeons ici une question que l’histoire n’a pas encore résolue, celle de savoir à quelle époque la presqu’île a reçu le culte de Bouddha ; car si elle ne l’a admis que postérieurement à la persécution violente qui l’a chassé de l’Indostan, elle perd l’avantage de sa position géographique. L’Inde n’est plus pour elle la terre de la vraie croyance, et les bouddhistes d’Ava et de Pégu n’ont plus, quant aux moyens de conserver la pureté de la doctrine, la moindre supériorité sur les bouddhistes des régions les plus éloignées de l’Inde. Il n’en reste cependant pas moins vrai, que les notions que nous donneront les livres palis sur le bouddhisme, auront cet inappréciable avantage, d’être puisées aux sources pures d’un idiome qui reproduit presque identiquement le samskrit, ou la langue savante du pays où naquit Bouddha. C’est là une considération qui doit inspirer un vif

  1. Voyez M. Abel-Rémusat, Histoire de Khotan, p. i, et passim.