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ESSAI SUR LE PALI,

sacrée. Depuis le puissant et vaste empire des Barmans, ou Birmans, jusqu’aux royaumes de Siam, et peut-être de Tchiampa, il règne avec le titre vénérable de langage de la religion et de la science ; et il resserre le lien puissant qui, aux yeux du philosophe, ramène sous une sorte d’unité des peuples de civilisations aussi diverses que le montagnard lourd et grossier de l’Arakan, et l’habitant plus policé de Siam. Ce lien, c’est la religion de Bouddha, divinité commune de tous ces peuples. Depuis Tchittagong jusqu’à la Chine, son culte domine sans partage avec sa hiérarchie, ses monastères et son cortège d’idées philosophiques[1] ; et il a tellement effacé les anciennes croyances populaires, qu’il est difficile aujourd’hui d’en retrouver la trace[2].

Cette religion qui, dans sa constitution intime, répond sans doute aux besoins des esprits asiatiques, puisque presque toute l’Asie orientale l’a adoptée et la pratique encore aujourd’hui, peut donc, grâce au pali qui lui sert d’interprète, être étudiée sur un point nouveau du globe. Aux renseignemens que nous ont donnés Ceylan, la Chine, le Tibet, le Japon, vont se joindre ceux qu’on ne peut manquer de trouver dans les régions moins connues de la presqu’île au-delà du Gange ; et il n’y a peut-être pas trop d’audace à espérer que la connaissance du pali doit aider, en grande partie, à soulever le voile qui cache encore à nos regards les mystères du boud-

  1. Leyden, Asiat. Research., t. X, p. 161, ed. Lond. 4°.
  2. Buchanan, Asiat. Research., t. VI, p. 267, ed. Lond. 4°.