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recevrez qu’une lettre qui n’exprimera que bien foiblement les sentimens du cœur qui l’a dictée.

En vous écrivant vendredi, j’attendois à chaque instant madame Clinton, avec laquelle je me proposois de partir pour Howard-Grove. Elle arriva : mais il fallut changer mon plan ; car elle m’apporta, de la part du meilleur ami que jamais orpheline ait trouvé, une lettre pleine de tendresse, qui m’enjoignoit de retourner incessamment à Berry-Hill.

J’ai obéi, et vous me pardonnerez si je vous avoue que ce fut de bon cœur ; le pouvois-je autrement après une si longue séparation, sans être la plus ingrate des filles. Et cependant, ma chère Marie, quoique j’eusse souhaité de quitter Londres, l’accomplissement même de ce desir n’a point contribué à mon bonheur ; j’avois senti une impatience inexprimable pour revenir ici, et cependant une profonde tristesse m’a suivie sur la route. Vous auriez de la peine à me reconnoître ; — hélas ! je ne me reconnois plus moi-même. Peut-être en vous voyant aurois-je essayé de verser dans votre sein tous les secrets de mon cœur, et alors. — Mais reprenons le récit de mon voyage.