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lui des libertés que je ne me permettrois pas même avec des amis intimes, — payer d’impertinence les égards distingués qu’il m’a témoignés : — tels sont les reproches qu’il est en droit de me faire ! et j’en rougis.

Mais ce n’est pas tout : une seconde scène, pire que la précédente, m’étoit encore réservée, et je vais vous en rendre compte.

Je reçus ce matin la visite du jeune Branghton. Il prit en entrant un air important qui ne lui est pas ordinaire ; et en s’avançant fièrement vers moi, il me dit : « J’ai à vous faire, miss, les complimens de mylord Orville ».

« De mylord Orville » ? repris-je fort étonnée.

« Oui, de lui-même. Je viens de faire sa connoissance ; c’est bien le seigneur le plus aimable que j’aie jamais vu ».

« Que veut dire ceci ? expliquez-vous ».

« Il faut que vous sachiez, miss, qu’hier en vous quittant il nous est arrivé un petit accident, qui cependant ne m’inquiette plus, puisqu’il ne tire pas à conséquence. Nous rencontrâmes dans le voisinage du quartier de Snow-Hill une charrette ; et pouf, ne voilà-t-il pas