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quelconque, je ne sus faire rien de mieux, après avoir fini ma lettre d’hier, que de regarder par la fenêtre : j’y attendois tranquillement l’instant où il plairoit à madame Duval de m’appeler à son déjeûné, quand tout-à-coup l’apparition d’un équipage brillant me réveilla de mon indolence. Je vis en même temps mylord Orville qui mit la tête à la portière, et je me retirai aussi-tôt ; mais ce ne fut pas, je crois, sans avoir été remarquée : du moins la voiture tourna vers notre maison.

J’étois très-mal à mon aise, — l’idée de recevoir seule le lord Orville, — la persuasion où j’étois qu’il ne venoit que chez moi, — mon désir de lui expliquer la malheureuse aventure d’hier, — la mortification que me donnoit ma situation actuelle ; — toutes ces réflexions se présentèrent à la fois à mon esprit, et me préparèrent mal à la visite qui m’arrivoit.

Je m’étois attendue que le lord se feroit annoncer ; mais la servante, peu accoutumée au cérémonial, vint me dire qu’il y avoit en bas un grand seigneur dont elle avoit oublié le nom, et qui demandoit à me parler : en même temps je vis entrer mylord Orville lui-même.