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souvenir des traitemens peu honnêtes qu’elle m’avoit fait essuyer ; et moi, de la manière inattendue dont mes liaisons avec son frère lui furent annoncées. Au reste, elle me reçut fort poliment, et me dit en souriant, « qu’elle s’estimeroit heureuse de cultiver ma connoissance ».

Je répondis à ce compliment par une simple révérence, et nous continuâmes notre promenade. Il est clair que mylord Orville avoit déjà prévenu ces dames ; je le soupçonne du moins par le peu de sensation que produisit sur elles cette grande nouvelle.

D’autres personnes vinrent nous joindre, et mylord Orville m’informa alors du succès de sa visite. On a pris jour pour jeudi, comme je l’avois demandé. Mon père, m’a-t-il dit, a été infiniment sensible aux marques de ma tendresse, il m’a comblée de bénédictions et a consenti à me voir, en ajoutant qu’il se feroit un plaisir de prévenir tous mes souhaits. Mylord Orville me conseilla de lui rendre mes devoirs dans la soirée même, et il me fit entendre que je ferais bien de ne point admettre madame Selwyn à notre entrevue.

Je reçus cette bonne nouvelle avec un plaisir mêlé de crainte ; l’idée de re-