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tit pour l’exécution de son dessein.

Madame Selwyn lui a demandé entre autres, comment elle avoit osé risquer une entreprise aussi hardie. Elle a répondu ingénument qu’elle n’avoit pas eu de mauvaises intentions, et qu’elle avoit pensé que cette imposture ne faisoit du tort à personne : elle avoit cru que ce seroit dommage de laisser échapper la fortune destinée à l’héritière légitime, sans qu’une autre en profitât.

Son projet lui réussit à merveille, et en effet, tout semble l’avoir favorisé ; mon père n’avoit point de correspondance à Berry-Hill ; l’enfant fut envoyé bientôt après en France, où il a été élevé dans la retraite, tandis que de mon côté mon état est demeuré caché ; il n’y a qu’un heureux hasard qui ait pu découvrir cette intrigue compliquée.

Je m’arrête ici un moment pour faire une observation qui m’a été de la plus grande consolation. Ce n’est donc ni par insensibilité ni par rigueur que j’ai été négligée par mon père ; je ne dois ce malheur qu’à une odieuse imposture qu’il n’a pu prévoir ; et dans le même instant où je me croyois condamnée au plus profond oubli, il étoit dans l’idée que