Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/324

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nous prendre à la portière, dissipa un peu ma tristesse. Cependant je n’eus pas assez de force pour l’instruire de ce qui s’étoit passé : je priai madame Selwyn de se charger de cette tâche, et je me retirai dans ma chambre.

J’y eus un entretien avec la bonne madame Clinton sur la situation actuelle de mes affaires, et il lui vint une idée qui sembloit expliquer tout d’un coup le cruel abandon auquel j’ai été condamnée.

Elle me dit que la femme qui a soigné ma mère dans sa dernière maladie, m’a servi de nourrice dans les quatre premiers mois de ma vie ; qu’ayant été congédiée ensuite, elle quitta Berry-Hill avec sa fille qui n’étoit mon aînée que de six mois. Madame Clinton se souvient que sa retraite subite parut extraordinaire à tout le voisinage ; mais comme on n’entendit plus parler de cette femme, on l’oublia peu à peu.

Madame Selwyn fut frappée de cette découverte ; elle convint avec madame Clinton qu’il se pourroit aisément que mon père ait été trompé, et que la nourrice ait substitué son propre enfant à ma place.

Le nom que j’ai porté depuis, le se-