Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/306

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Eh bien ! madame, repris-je assez tranquillement, partons sans délai : — vous me conduirez à Berry-Hill ; là, du moins, je serai sûre de trouver un père qui me recevra ».

Lorsque nous fûmes revenues un peu de notre consternation, madame Selwyn consentit à me rendre compte de son entrevue ; et quoiqu’elle ait mis dans ce récit toute la vivacité que vous lui connoissez, j’essaierai pourtant, monsieur, de vous en rapporter les détails mot à mot.

J’ai trouvé, me dit-elle, sir John seul dans sa chambre ; il m’a reçue avec toute la politesse possible. Je n’ai pas balancé un instant de lui annoncer le motif de ma visite ; mais il n’en fut pas plutôt instruit, qu’il me demanda d’un air arrogant, si j’avois pu prendre sur moi de réchauffer cette ancienne et ridicule histoire.

Je lui fis sentir que le mot ridicule n’étoit point ici à sa place, et qu’il devoit choquer tous ceux qui sont au fait des circonstances horribles de cette ancienne histoire, dont il parloit avec tant de légèreté. « Les actions, ajoutai-je, que je prétends vous rappeler, monsieur, seroient dignes de figurer dans le carac-