Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/300

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ordre bien dur, bien difficile à suivre ».

« Non, vous avez une sœur, c’est moi qui vous en réponds, m’écriai-je avec une émotion que je n’eus pas la force de contenir ; une sœur qui prend le plus vif intérêt à tout ce qui vous regarde, et à qui il ne manque que les occasions pour vous prouver son amitié et son estime ».

« Que veut dire ceci, madame ? expliquez-vous, je vous supplie ».

« Mon véritable nom n’est pas Anville ; sir John Belmont est mon père, — il est le vôtre, — et je suis votre sœur. Voyez si nous ne nous devons point une tendresse mutuelle. Les liens de l’amitié ne sont pas les seuls qui nous unissent, ceux du sang nous rapprochent de plus près. Déjà je sens pour vous toute l’affection d’une sœur, — peut-être la sentois-je déjà avant que je susse que je vous appartenois. Mais, mon frère, mon cher frère, vous ne me répondez pas ! balanceriez-vous à me reconnoître ? En vérité, je ne reviens point de ma surprise ; tout ce que j’entends me paroît un songe.

» Quoi ! je vous retrouve, mon frère, et vous ne voudriez pas… ».

Il saisit ma main que je lui tendois. « Ah ! laissez-moi plutôt vous deman-