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les rides. Qu’on me berne, si je pense jamais qu’au présent ».

Madame Selwyn. « Et qu’avez-vous besoin de me dire cela si souvent » ?

M. Coverley. « Si souvent ? Je vous parle aujourd’hui pour la première fois ; je ne sache pas vous l’avoir dit jamais ».

Madame Selwyn. « Vous le croyez ! et moi je soutiens que vous me l’avez répété cent fois par jour. Vos paroles, vos regards, vos actions, toute votre conduite le prouvent assez ».

Je ne sais si M. Coverley sentit ce trait de satire ; mais il l’avala tranquillement. Madame Selwyn se tourna ensuite vers M. Lovel. Il lui répondit avec l’embarras que je lui remarque aussi souvent qu’elle lui adresse la parole. « Je vous assure, madame, que je n’ai pas la moindre aversion pour les almanachs, j’en ai quatre ou cinq à votre service ».

Madame Selwyn. « Oui-dà ! la collection est forte ; et m’est-il permis de savoir ce que vous en faites » ?

M. Lovel. « N’en faut-il pas pour savoir la date ? je ne la retiens jamais.

Madame Selwyn. « Dans quelle heureuse indifférence vous vivez ? Ne pas savoir distinguer un jour de l’autre » !