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Je revins sur mes pas, presque involontairement ; et il ajouta, après une courte pause : « Vous êtes bien bonne, miss, d’avoir égard à mes prières ; depuis long-temps déjà je cherche l’occasion de vous parler ».

Je ne lui répondis rien, et il poursuivit : « Vous m’avez permis, madame, d’oser prétendre à votre amitié, — de m’intéresser à ce qui vous regarde, — de vous appeler du tendre nom de sœur. J’ai reconnu cet honneur comme je le devois ; mais j’ignore par quel étrange accident j’ai eu le malheur de m’en rendre indigne. Tout est changé depuis quelques jours ; vous me fuyez, — ma présence vous est à charge, vous évitez avec soin ma conversation ».

Cette imputation, faite d’un ton très-sérieux, me fit d’autant plus de peine, qu’elle étoit fondée : j’en fus honteuse ; mais je ne répondis pas encore.

« J’espère, continua le lord, que vous ne me condamnerez point sans m’entendre. Si j’ai eu le malheur de vous déplaire, dites-moi comment ; je ne desire rien de plus que de réparer ma faute, et je ferai tout ce qui dépendra de moi pour mériter mon pardon »

« Mylord, vous poussez la politesse