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de notre entretien. M. Smith me tourmenta au point, que, lasse de lui faire résistance, j’aurois cédé infailliblement à ses prières, si je ne m’étois rappelé heureusement l’aventure de M. Lovel. Je pris donc le parti d’informer mon persécuteur qu’il ne tenoit plus à moi de le satisfaire, puisque j’avais déjà refusé plusieurs messieurs en son absence. Cet aveu le mit de fort mauvaise humeur, et il jugea à propos de me faire des reproches sur ce que je n’avois pas dit à ceux qui m’avoient demandée, que j’étois déjà engagée.

L’indifférence totale avec laquelle je l’écoutois, lui fit changer de conversation. En effet, je ne pus guère m’empêcher de me laisser aller à des distractions : je n’étois occupée dans ce moment que du souvenir des deux bals auxquels j’avois assisté précédemment. — Ma cotterie, — la conversation, — l’assemblée : oh ! quel contraste prodigieux !

Bientôt il réussit à réveiller mon attention par son extrême impertinence. Il osa me parler de ce qu’il appeloit l’admiration que je lui inspirois, et il en vint à des explications si familières, que je me crus autorisée à lui témoigner mon méconten-