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Sir Clément me pressa de parcourir les quatrains, et il ajouta qu’il n’avoit pas osé les produire publiquement, par la raison que lady Louise n’y étoit pas des mieux traitées. Cette circonstance m’embarrasse, et je m’expose à des ressentimens de la part de cette dame, si jamais ces couplets parviennent jusqu’à elle.

Je vous en remets ci-joint une copie[1], mon cher ; c’est un panégyrique outré de mes prétendues perfections, et il y auroit de la vanité à faire parade d’éloges que je ne dois pas mériter.

Je n’avois pas encore eu le temps de serrer ce beau morceau de poésie, quand les dames revinrent. Madame Selwyn eut la curiosité de me demander ce que je tenois là. Je lui dis que ce n’étoit rien ; et j’empochai au plus vîte mon papier.

« Rien, reprit-elle, et un rien peut

  1. Anville, que les graces recherchent, s’avance enfin d’une démarche modeste et d’un air timide, les yeux baissés, la rougeur sur le front, et la beauté siégeant sur son visage. Anville ne doit ses attraits qu’à elle-même, et ses vertus qu’à la noblesse de son ame ; cependant, ignorant le pouvoir de ses charmes, elle frappe sans art, et blesse sans le savoir.