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ciété, j’étois sûre apparemment de fournir seule à la conversation ; qu’ainsi elle espéroit que je m’évertuerois. Je fis de mon mieux pour être gaie ; mais les plaisanteries perpétuelles dont je fus accablée, me firent regretter plus d’une fois de m’être engagée dans cette promenade.

Nous nous rendîmes droit à la fontaine, et nous entrâmes dans l’une des salles, qui regorgeoit de monde : au moment où j’y mis les pieds, j’entendis s’élever un murmure confus ; la voilà ! se disoit-on, et à ma grande confusion j’observai que tous les yeux étoient fixés sur moi. J’enfonçai mon chapeau pour être moins remarquée ; mais voyant que je continuois à demeurer l’objet de la curiosité générale, je suppliai madame Selwyn de hâter notre retour. Elle avoit lié conversation avec un cavalier de sa connoissance, et me répondit que si j’étois lasse de l’attendre, il ne tenoit qu’à moi d’accompagner les demoiselles Watkins, qui sortaient pour faire des emplettes dans une boutique de modes. Je connois ces demoiselles Watkins pour les avoir vues quelquefois chez madame Beaumont.

J’acceptai la proposition, et j’échap-