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la voix me manqua, mon émotion me fit verser des larmes.

« Madame, que veut dire ceci ? d’où vient ce trouble extraordinaire » ?

Je lui tendis la main pour toute réponse : il parut extrêmement surpris, et parla avec reconnoissance des bontés que j’avois pour lui.

« Épargnez-vous, m’écriai-je en essuyant mes larmes ; épargnez-vous cette erreur : vous avez des droits à tout ce que je puis faire pour vous ; notre situation a tant de rapport » !

Ici nous fûmes interrompus par madame Selwyn, et M. Macartney ne voyant plus d’apparence à renouer notre conversation, crut devoir prendre congé. Je suis sûre qu’il partit à regret, et sans contredit dans une incertitude cruelle.

Madame Selwyn réussit par ses questions à m’arracher l’aveu de ce qui venoit de se passer ; cette femme est si pénétrante qu’il n’y a pas moyen de lui échapper !

Que pensez-vous, monsieur, de cet événement ? Aurois-je pu m’imaginer que les visites que je faisois avec tant de répugnance chez les Branghton, m’approcheroient d’un frère ? Je ne regret-