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M. Coverley est venu dîner ici, et vers cinq heures M. Lovel et quelques autres visites sont arrivés. La place marquée pour la course dans le jardin de madame Beaumont, étoit une allée de gravier de vingt verges de longueur. Les spectateurs étant assemblés, les deux vieilles, qu’on avoit choisies pour champions, parurent dans l’arène. Leur grand âge, le contraste ridicule de leur foiblesse et de l’exercice violent auquel on les destinoit, ne m’inspiroit que de la pitié. Mais ce sentiment n’a point prévalu chez le reste de la compagnie, qui assaillit ces pauvres femmes d’un grand éclat de rire. Le seul mylord Orville s’est distingué par un sérieux qui ne l’a pas quitté pendant tout le spectacle ; il étoit aisé de voir combien il étoit mécontent de la conduite extravagante de son futur beau-frère.

Rien de plus absurde que l’agitation des deux parieurs : il y eut encore plusieurs gageures entre les spectateurs. De tout côté on se demandoit : « Pour qui êtes-vous ? pour quel parti tenez-vous » ? Mylord Merton et M. Coverley étoient excessivement gais et bruyans, grâces aux rasades qu’ils avoient bues à leur bon succès. Ils firent entrer les