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Nous nous étions assemblés vers l’heure du dîner, quand le valet de madame Selwyn vint me rapporter ma lettre, en m’annonçant qu’il n’avoit pu découvrir M. Macartney, mais que les facteurs de la poste lui avoient promis de me l’envoyer dès qu’ils le trouveroient.

J’étois confuse de la publicité de ce message ; mylord Orville me fixa avec attention, et son regard significatif n’étoit guère propre à me tranquilliser. Il ne me dit rien à table, et moi-même je n’eus pas le courage de parler. Je me levai dès que je le pus, et j’allai m’enfermer dans ma chambre : madame Selwyn m’y suivit, et à force de questions, elle parvint à savoir tous les détails de mes liaisons avec M. Macartney. Cet aveu étoit nécessaire pour excuser la lettre ; mais mon récit n’obtint point l’approbation de madame Selwyn. Elle traita cette affaire de romanesque, et jugea le pauvre Macartney avec la dernière rigueur ; à l’en croire ; cet homme n’est qu’un aventurier et un imposteur.

Je ne sais plus où j’en suis, et je me perds dans ces réflexions. Comment m’y prendrai-je pour satisfaire mylord Orville ? Ne seroit-ce pas une lâcheté, une trahison, de divulguer l’histoire des mal-