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entrevue d’aujourd’hui étoit concertée ; et que c’est dans ce dessein que je suis sortie de si bonne heure ? Tourmentée par cette idée ; je résolus de me prévaloir de la liberté à laquelle ses procédés obligeans m’ont accoutumée depuis que je loge ici ; et comme il affectoit de ne pas me faire la moindre question sur cette aventure, je cherchai la première à amener une explication, en lui demandant hardiment s’il n’étoit pas surpris de m’avoir trouvée en conversation avec un étranger.

« Avec un étranger, répondit-il ; seroit-il possible que cet homme vous fût inconnu » !

« Pas absolument, — si vous voulez, — seulement il se pourroit… »

« Pardonnez, je ne croirai jamais que miss Anville soit capable d’accorder un rendez-vous à un inconnu ».

« Que dites-vous là, mylord » ?

« Il me semble du moins, si j’ai bien entendu, qu’il en étoit question ».

Cette parole me confondit, et je n’avois plus le courage d’achever ma justification : cependant mon silence n’auroit fait qu’augmenter ses soupçons, qu’il m’importoit trop d’écarter. Je repris donc : « En effet, mylord, vous êtes dans l’er-