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23 septembre.

J’ai passé trois beaux jours qui ne m’ont rien laissé à désirer, si j’en excepte, monsieur, la satisfaction de vivre avec vous. Mon séjour à Clifton-Hill est beaucoup plus agréable que je n’osois l’espérer. Mylord Orville m’honore toujours d’une attention non-interrompue, et c’est son bon cœur seul qui la lui dicte, sans que le caprice ou l’orgueil y soient mêlés pour quelque chose. C’est, sans doute, à l’abandon total auquel me condamne tout le reste de notre société, que je dois cette complaisance soutenue, et par cette raison j’y compte pour aussi-long-temps que j’en aurai besoin. Non-seulement je suis mieux à mon aise en présence du lord, mais même je deviens gaie avec lui : tel est l’effet de la vraie politesse ; elle bannit toute gêne et toute contrainte. À la promenade, c’est lui qui m’accompagne et qui me donne le bras. Quelquefois nous nous occupons d’une lecture, et alors il me fait remarquer les endroits les plus saillans, consulte mon opinion et me fait part de la sienne. À table, il est assis à côté de moi, et, graces à une infinité de petits égards qu’il a pour moi, j’ou-