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ils savent vider indifféremment tous les plats. Leurs propos m’ennuyèrent beaucoup ; mylord Orville n’en fut pas moins dégoûté, et je compris aisément à son maintien que nos sentimens étoient parfaitement d’accord sur cet article.

Après le dîné, les dames se retirèrent dans l’appartement de madame Beaumont, où nous passâmes une heure assez triste : notre hôtesse étoit sérieuse, madame Selwyn ne se donna pas la peine de parler, et lady Louise avoit des vapeurs qu’elle nous communiqua à toutes, jusqu’à ce que nos cavaliers vinrent nous joindre et nous rapporter un peu de gaîté.

Instruite par une ancienne expression de M. Lovel, que je suis une fille de rien, j’eus la modestie de me retirer dans une croisée, pour n’être à charge à personne. Mylord Merton, M. Coverley et M. Lovel passèrent plusieurs fois devant moi sans faire semblant de me voir ; tous leurs soins furent réservés pour lady Louise, qu’ils ne quittèrent pas d’un instant. J’étois piquée sur-tout de l’incivilité de M. Lovel, que je pouvois compter au nombre de mes connoissances ; il est vrai qu’il me déplaît souverainement par sa fatuité, mais l’air