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sistant toujours, cette offre fut déclinée.

Mylord Orville mena sa chaise fort lentement et avec tant de précaution, qu’il auroit été ridicule d’être inquiet. Je n’entrai pour rien dans la conversation, madame Selwyn eut soin d’y fournir deux personnes. Le lord parla peu, mais son grand sens et sa politesse raffinée donnent à tout ce qu’il dit un assaisonnement délicieux. Madame Selwyn elle même ne put s’empêcher de lui faire compliment de ses procédés honnêtes. « Avouez, mylord, lui dit-elle, lorsque nous fûmes arrivés chez nous ; avouez que si quelque personne de votre connoissance vous avoit vu, vous eussiez été bien confus ».

« Je ne vois pas trop pourquoi, madame ; à moins que ce ne fût par compassion de l’envie que j’aurois pu leur inspirer ».

« Non, mylord, vous eussiez eu à rougir de ce que, dans ce siècle téméraire, vous soyez seul assez sage pour mener prudemment un cabriolet, tandis que vous aviez des femmes avec vous ».

« Oh ! lorsque le cocher a peur lui-même, les dames n’ont rien à craindre de son étourderie ; je suis persuadé que