Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/137

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ce cas, ajouta-t-il, sa satisfaction se convertiroit en crainte.

Flattée de ces propos, et charmée d’ailleurs de retrouver mylord Orville tel que je l’avois connu autrefois, je n’oubliai pourtant point le ressentiment que je lui devois, ni le sujet qui y avoit donné lieu. Je crois même, monsieur, que si vous eussiez été témoin de ma conduite, elle ne vous auroit point déplu. Je ne quittois point mon air sévère et réservé ; mes yeux fuyoient ceux du lord, et je ne lui répondis qu’en peu de mots.

Il est naturel qu’un pareil changement doit l’avoir frappé ; et je pense qu’il ne l’aura pas remarqué sans se rappeler, et se repentir en même-temps, des sujets de plainte qu’il m’a donnés, car il est impossible qu’il ait oublié entièrement qu’il m’a offensée.

Je rompis la conversation dès que je pus le faire avec décence, et je fis observer à madame Selwyn que nous serions rendus fort tard chez nous. On rebroussa chemin, et mylord Orville ne dit plus rien. Il aura été surpris de mon empressement à partir, et il ne s’y attendoit sûrement pas. À dire vrai, je regrettois déjà d’avoir reçu ses politesses