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voit plus dans l’avenir des jours destinés à s’écouler dans l’affliction, dans le doute et dans le soupçon ; — son courage lui inspire de nouvelles espérances, elle se flatte encore de trouver des gens de bien : — quoiqu’elle soit pourtant persuadée, autant que jamais, qu’il y auroit de la folie à attendre de la perfection parmi des êtres d’un second ordre.

Votre conjecture étoit juste : oui, sa lettre fut écrite dans un moment de délire, je n’en doute plus. — Mais mylord Orville seroit-il capable d’intempérance !

J’accompagnois ce matin madame Selwyn à Clifton Hill, chez madame Beaumont. J’étois triste en chemin, et il me fallut beaucoup de temps pour achever cette promenade : l’agitation de mon esprit me fit sentir, plus que de coutume, le déclin de mes forces. Je rappelai tout mon courage, résolue d’écarter ce qui auroit pu donner à mylord Orville une fausse idée de l’abattement où j’étois. Heureusement nous trouvâmes madame Beaumont seule. Les visites se firent attendre, et ce ne fut qu’après une heure d’intervalle que nous vîmes arriver un phaéton. Le cavalier