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riosité ; l’un d’eux s’avisa de me regarder sous le chapeau, pendant que les autres se parloient à l’oreille. Madame Selwyn, choquée de cette impolitesse, prit un air sérieux, et leur dit : « Messieurs, vous plaît-il de passer, ou du moins de nous laisser continuer notre chemin » ?

« Très-volontiers, madame, si c’est pour vous seule que vous demandez cette liberté ».

« Pour moi, et pour mademoiselle aussi, si vous le voulez bien ; du moins je vous le conseillerois, ne fût-ce que pour épargner à mon domestique la peine de vous apprendre à vivre ».

Ce ton imposant les frappa d’abord ; puis ils s’en moquèrent. L’un d’eux riposta qu’il seroit charmé que le drôle commençât ses leçons, pour qu’il pût avoir le plaisir de le jeter dans la rivière ; un autre s’approcha de moi avec une effronterie sans égale, et me dit : « Par ma foi, je crois vous connoître, — et je ne me trompe point : n’ai-je pas eu l’honneur de vous voir au Panthéon » ?

Je le reconnus alors pour ce même personnage qui m’avoit tant tourmentée dans l’assemblée dont il parloit. Je lui fis une révérence, sans ajouter d’autre ré-