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dois-je être encore sensible à son offense, tandis que j’ai pour moi l’approbation d’un vieillard respectable, qui ne connoît le vice et ses excès que par ouï-dire ? Sa bonté et les éloges qu’il a bien voulu me donner, me rendent le courage et me consolent infiniment. Votre indignation, me dit-il, est une preuve de votre vertu ; vous vous êtes représenté Orville comme un homme sans défaut : tout sembloit annoncer son mérite, et vous avez cru que son caractère répondoit à ce que les apparences en promettoient. Innocente et sans fraude, pouviez-vous prévoir ses artifices ? Vos espérances ont été trompées, et vous en avez été d’autant plus affligée, que vous vous attendiez peu à une pareille révolution ».

Ces paroles resteront gravées dans mon esprit, elles me serviront de consolation et d’encouragement. La conversation que je viens d’avoir avec M. Villars, m’a sans doute beaucoup affectée ; mais elle contribuera à dissiper mes chagrins. La réserve est l’ennemie du repos ; et dans quelque faute que je puisse tomber à l’avenir, je ne me permettrai plus de dissimuler. Je voue à ma chère Marie et au digne M. Villars une confiance sans bornes.