Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/114

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

homme qui, dans toutes les occasions, a montré les sentimens les plus estimables, ait pu se résoudre à insulter aussi ouvertement et aussi insolemment une jeune fille pleine de modestie. Mais, ma chère, vous eussiez dû mettre cette lettre sous enveloppe, et la lui renvoyer sur le champ. Un tel ressentiment auroit été digne de votre caractère, et l’auroit mis en état de justifier le sien. Je suis sûr qu’en relisant son billet le lendemain, il en auroit été honteux, et auroit reconnu sa faute ».

En effet, ma chère Marie, pourquoi cette idée ne m’est-elle pas venue ? Une pareille démarche auroit pu me valoir les excuses de mylord Orville, et m’épargner des humiliations, qui toutes retomboient à sa charge. Il est vrai qu’en adoptant la conjecture de M. Villars, le lord auroit eu de la peine à se rétablir dans la haute opinion que j’avois eu la foiblesse de prendre de lui, puisque l’aveu de son intempérance l’auroit mis, à mes yeux, au niveau du commun des hommes ; mais du moins mon orgueil auroit été satisfait.

Supposé que mylord Orville m’ait écrit effectivement dans un instant où il n’étoit pas le maître de toute sa raison,