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lez venir, et j’ai craint long-temps que ce ne fût là l’objet de vos soupçons ; mais je vous proteste que vous êtes dans l’erreur : je hais ce lord Orville ; il est le dernier pour qui je serois prévenue ».

Je m’arrêtai ; M. Villars me fixa avec un air de surprise qui me fit rougir. « Vous haïssez mylord Orville » ! répéta-t-il.

Et sans chercher d’autre réponse, je tirai de mon porte-feuille la lettre que je lui remis. « Tenez, monsieur, voyez combien les écrits de cet homme diffèrent de son langage ».

Il la lut et relut plus d’une fois avant que de parler ; puis il ajouta : « Je suis tellement étonné, que je ne sais pas ce que je lis. Quand avez-vous reçu cette lettre » ?

Je le lui dis, et il la parcourut encore une fois. « Il n’y a qu’une seule excuse à alléguer en faveur du lord ; il faut qu’il ait été pris de vin, lorsqu’il a écrit cette singulière lettre ».

« Mylord Orville pris de vin ! lui, capable d’un excès ! — Mais oui, monsieur, il n’y a rien que je ne croie de lui ».

« Je ne puis concevoir qu’un homme dont la conduite a été marquée au coin de la plus grande délicatesse ; qu’un