Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/346

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jours d’étudier le goût du sexe, — c’est le premier de mes soins. Et d’ailleurs, pouvois-je être de trop ici ? Deux femmes, qu’auroient-elles à se dire » ?

Le jeune Branghton. « À se dire ? parbleu ! vous n’y pensez pas ; comme si les femmes pouvoient manquer de matières à jaser. En avez-vous jamais vu qui soient chiches de paroles » ?

M. Smith. « Point de ces sorties, M. Tom, en ma présence ; vous savez que je ne les aime pas, et que je suis le champion du sexe ».

Miss Branghton m’ayant offert ensuite quelques gâteaux, ce galant homme s’avisa de me dire, qu’à ma place, il n’accepteroit jamais rien des mains d’une femme.

Je lui en demandai la raison.

« Parce que je craindrois, dit-il, d’être empoisonné par quelque rivale de ma beauté ».

« Je croyois, monsieur, que vous n’aimiez pas les sorties » ?

« Vous avez raison, madame, ce mot m’est échappé malgré moi : on ne réfléchit pas toujours à ce qu’on dit ».

Après cela, on se jeta sur les endroits publics et sur les spectacles. Le jeune