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ils crioient tous à pleine tête. Je satisfis leur curiosité aussi bien que je pus, et mon récit les remplit d’effroi ; mais comme je n’étois guère en état de parler long-temps, je demandai une chaise à porteurs pour retourner au plus vite chez moi.

Avant que de quitter la maison, je leur recommandai instamment de veiller de près leur malheureux locataire, et d’écarter sur-tout soigneusement, tout ce qui pourroit servir à exécuter le coup funeste qu’il méditoit.

M. Dubois parut fort en peine de mon indisposition ; il suivit ma chaise, et me reconduisit chez madame Duval.

Le sort de cet infortuné absorbe actuellement toute mon attention. Si malheureusement il persiste dans l’horrible dessein qu’il a formé, on l’en empêchera difficilement. Que ne puis-je approfondir la nature des maux auxquels il est livré ! Que ne puis-je apporter quelque soulagement à ses souffrances ! Je suis sûre, monsieur, que vous lui accorderez votre compassion. Que n’êtes-vous ici, vous trouveriez peut-être le moyen de le faire revenir de l’erreur qui l’aveugle, et de verser dans son ame affligée un rayon de paix et de consolation.