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main la famille Branghton, et ne jugeant pas à propos de se lever encore (elle passe ordinairement la matinée au lit), elle me chargea de ce message. M. Dubois, qui arriva dans le même moment, m’accompagna.

Je trouvai M. Branghton dans sa boutique : il me dit que ses enfans étoient sortis ; mais qu’ils rentreroient incessamment. Il me pria de prendre la peine de monter pour les attendre. C’est ce que je fis, pendant que M. Dubois resta en bas. J’entrai dans la chambre où nous avions dîné la veille, et, par un hasard des plus singuliers, je me plaçai le visage tourné contre l’escalier.

Dans moins d’un quart-d’heure, je vis passer l’Écossais dont je vous ai parlé dans ma dernière ; il avoit les yeux égarés, et sa démarche étoit incertaine. En tournant le coin de l’escalier, qui est fort étroit, le pied lui glissa, et il tomba. Dans le mouvement qu’il fit pour se relever, j’apperçus distinctement le bout d’un pistolet qui sortoit de sa poche.

Je fus saisie au-delà de toute expression. Ce que j’avois entendu de la situation misérable de ce jeune homme, me fit craindre qu’il ne méditât un mauvais coup. Frappée de cette idée, les forces