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Après le thé, miss Branghton me confia que l’inconnu que je voyois avec eux, étoit l’amant de sa sœur, qu’il se nommoit Brown, et qu’il étoit chapelier de sa profession. Elle me mit au fait de plusieurs autres particularités à l’égard de sa personne et de sa famille, et ne cessa de déclamer contre un parti si peu sortable. Elle alla jusqu’à dire que sa sœur étoit absolument sans cœur et sans ambition ; que de son côté, elle auroit préféré cent fois de mourir fille, plutôt que d’épouser un homme qui ne fût pas de façon. « Ce n’est pas, continua-t-elle, que ma sœur fasse grand cas de son amant ; seulement elle s’est mis en tête d’être mariée avant moi, et voilà pourquoi elle se presse tant : mais qu’elle aille son train ; je ne prétends pas me mettre dans son chemin, dussé-je n’être jamais mariée ! »

Je ne fus pas plutôt débarrassée de cette confidente, que miss Polly eut son tour en me révélant les secrets de sa sœur. Elle m’assura, avec un air de complaisance, que celle-ci étoit extrêmement jalouse de ce qu’elle lui enlevoit son droit d’aînesse. « C’est du moins, me dit-elle, ce que je lui fais accroire ; car au fond je ne me soucie pas trop