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sance, pour qu’il soit nécessaire que je l’apprécie encore ».

« Charmante créature ! avec tant d’esprit, avec tant de perfections, suis-je le maître de vous quitter ? n’y auroit-il pas un moyen » ?

« Comment, monsieur, vous repentez-vous si vite du bien que vous prétendiez faire à madame Duval » ?

« À madame Duval ! cruelle, vous ne souffrez donc pas seulement que je vous fasse honneur du sacrifice auquel je vais me résoudre » ?

« Monsieur, vous l’attribuerez à qui il vous plaira, mais je suis trop pressée pour demeurer plus long-temps avec vous » ?

Je voulus m’en aller, mais il me retint de force : « Si je ne suis donc pas assez heureux pour obliger miss Anville, elle ne sera pas surprise que je cherche à m’obliger moi-même ; et si mon projet n’obtient pas l’approbation de celle pour qui il étoit formé, je l’abandonne, puisque de tout côté j’y trouve du désavantage ».

Nous gardâmes tous deux le silence pendant un moment ; j’aurois été fâchée de voir échouer un plan qui rompoit si efficacement les mesures du capitaine,