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cette barbare plaisanterie. Je fis de mon mieux pour consoler madame Duval, et je lui dis que, puisque M. Dubois avoit eu le bonheur de s’échapper de sa prison, j’espérois que tout finiroit bien, quand elle seroit revenue de sa frayeur.

« Frayeur ! reprit-elle ; c’est-là le moindre mal. Je suis meurtrie depuis les pieds jusqu’à la tête, et jamais je ne rattraperai l’usage de mes jambes. La seule chose qui me réjouit, c’est que le traître n’a tiré aucun profit de ses cruautés ».

Les plaintes de madame Duval durèrent jusqu’à la fin de notre course. Rendues au château, nous rencontrâmes de nouvelles difficultés. La pauvre femme étoit impatiente de voir lady Howard et madame Mirvan, pour leur faire le récit de son aventure ; mais elle ne put point se résoudre de paroître dans l’état ou elle étoit, en présence du capitaine et de sir Clément : elle étoit sûre que l’un et l’autre, loin d’avoir pitié de son sort, ne feroient que s’en divertir. Je fus chargée de prendre les devans, pour épier le moment où elle pourroit gagner l’escalier sans être apperçue de ses persécuteurs. Je réussis à m’acquitter de ma commission, ces messieurs ne jugeant