Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/234

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

combattre votre opinion, et j’en suis d’autant plus fâché, que mes argumens vous paroîtront un peu étranges : vous direz que je raisonne en hermite qui ne connoît pas le monde, et à qui il siéroit mieux de garder sa cellule, que d’être le surveillant d’une jeune demoiselle accomplie, dans le siècle où nous vivons ; mais souvenez-vous que vous m’avez provoqué, que par conséquent je dois me défendre, et tâcher de justifier les mesures que j’ai suivies jusqu’ici.

La mère de ma pupille, entraînée dans l’abîme par son imprudence, par la dureté de madame Duval, et par la scélératesse de sir Belmont, m’étoit autrefois ce que sa fille m’est encore aujourd’hui, l’amie chérie de mon cœur. J’honorerai sans cesse sa mémoire, et n’oublierai point que je lui ai promis solemnellement sur son lit de mort, que sa fille ne connoîtroit que moi pour père, et que si jamais elle sortoit de ma maison, ce seroit pour passer dans les bras d’un époux digne d’elle.

Je vous proteste, madame, qu’il m’en a peu coûté pour demeurer fidèle à mes engagemens, et que je n’ai jamais été tenté de faire valoir les prétentions de ma pupille à la charge de sir