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Je conçois, monsieur, qu’au premier coup d’œil ce projet n’aura pas votre approbation ; mais je sais aussi que vous êtes trop au-dessus des préjugés pour être rebuté par un petit nombre de circonstances désagréables, si le fond de l’entreprise conduit d’ailleurs à un but utile.

Votre aimable pupille, qui commence actuellement à entrer dans le monde, a trop de mérite pour rester cachée dans l’obscurité. Elle semble née pour être l’ornement de la société. La nature a répandu sur elle ses faveurs les plus précieuses, et l’éducation distinguée que vous lui avez donnée, a formé son esprit à un degré de perfection peu commun à son âge. Il n’y a que la fortune qui l’ait maltraitée jusqu’ici ; elle semble vouloir réparer ses torts, et elle lui ouvre aujourd’hui une carrière qui lui promet ce qui nous restoit encore à désirer pour elle.

J’ignore, monsieur, quels sont les motifs qui vous ont engagé à cacher si soigneusement la naissance et le nom de cette aimable enfant ; j’ignore pourquoi vous n’avez pas fait valoir plutôt ses prétentions à la charge de sir Belmont ; mais connoissant votre caractère et vo-